Le prix du gaz, un choix politique

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Le prix du gaz-est-il économique, juridique ou politique ?
Si l’on en croit le Conseil d’Etat, la dimension juridique serait supérieure à toute autre notion : la loi, pourtant rédigée par le politique, indexe le tarif du gaz sur celui du pétrole bien que ces deux matières premières soient indépendantes l’une de l’autre.

On pourrait légitiment s’attendre à ce que le politique établisse des règles favorables à l’intérêt général et que la justice s’y conforme. Hélas une part croissante de nos responsables politique se cachent derrière la justice pour légitimer des inégalités qu’ils ont eux-mêmes créées. Cette attitude de capitulation face à ses propres responsabilités est intolérable. Aujourd’hui le gaz s’échange sur le marché de gros au même tarif qu’entre 2007 et 2009 mais est désormais facturé 40% plus cher au consommateur… Cette hausse n’a pas été utilisée pour mettre en place la transition énergétique qui aurait réduit durablement la facture des ménages.
Pire, cette augmentation a diminué de plusieurs milliards d’euros le pouvoir d’achat des foyers, accru les coûts de production dans nos usines qui ont compensé en faisant une nouvelle fois peser l’effort sur les salariés par la stagnation des revenus, les licenciements ou encore la baisse de l’investissement.

Dans le même temps, sacrifiant l’avenir, les actionnaires de GDF Suez se sont partagés en dividendes autour de 95% de son résultat net. Transformer une entreprise en machine à cash, offrant une rentabilité 3 fois supérieure à celle du livret A, est-ce là, la seule perspective économique d’une entreprise de service public ? Pire, empocher 1,3 milliards d’euros au titre de sa participation de 37% dans le capital, est-ce là, la seule politique industrielle de l’Etat ? Pourquoi cette somme ne sert-elle pas à garantir le pouvoir d’achat des plus modestes par la baisse de la consommation d’énergie ? A-t-on perdu toute capacité d’innovation ? De planification ? De construction de l’avenir ? Ou encore l’emploi par le développement de la production de gaz à partir des déchets agricoles ou des opérations d’isolation ou de reconstruction des logements ? Doit-on se satisfaire d’un Etat qui préfère la taxation indirecte via les dividendes plutôt qu’un impôt direct juste et transparent ?

Il est pourtant aisé de reprendre la main : changer la loi pour que le prix du gaz ne soit plus lié à celui du pétrole, construire l’avenir par une législation volontariste en faveur d’une nouvelle politique de l’énergie, facteur de croissance, de protection de notre environnement, de bien être et d’emploi tout en garantissant le pouvoir d’achat des ménages.
Il est grand temps de répondre à l’urgence sociale et environnementale. L’une ne doit pas aller sans l’autre : de l’asthme au logement insalubre, de l’intoxication alimentaire lente à l’impossibilité de se chauffer, de l’accès à l’eau potable aux difficultés de faire ses courses en fin de mois ; ce sont toujours les plus pauvres qui paient le plus lourd tribut. Répondre à ces questions est plus qu’essentiel : c’est juste vital. Ensemble, refaisons de la poltique !

Par Jean Bernard, blogueur et Jean-Pierre Brard, membre honoraire du Parlement

 

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